Le bagage du voyageur

D’un centre de coûts à un levier stratégique pour le transport aérien
Une problématique récurrente et coûteuse
La manutention des bagages constitue l’un des postes les plus lourds en coûts pour une compagnie aérienne.
Le parcours d’un bagage, de l’enregistrement à la livraison sur le carrousel, est en réalité un processus complexe, soumis à de
multiples influences externes :
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conditions météorologiques exceptionnelles,
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pannes d’infrastructures aéroportuaires,
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actions sociales et mouvements de grève,
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défaillances de systèmes informatiques critiques.
Chacun de ces facteurs peut provoquer des perturbations et compromettre le suivi en temps réel des bagages, avec un impact direct
sur les opérations et sur l’expérience passager.
L’ampleur du problème : les chiffres 2024
En 2024, l’industrie aérienne a transporté 5,2 milliards de passagers dans le monde.
Malgré les efforts déployés, le taux de bagages mal acheminés (retardés, perdus ou endommagés) reste de 6,9 pour 1 000 passagers, soit environ 36,1 millions de bagages affectés.
Le coût moyen estimé par l’IATA pour traiter un bagage mal acheminé (localisation, réexpédition, remplacement, indemnisation) est de 100 à 150 dollars US.
Appliqué à l’échelle de l’industrie, cela représente entre 3,6 et 5,4 milliards de dollars en 2024 – soit près de 1 dollar par passager embarqué.
Ces chiffres traduisent à la fois :
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une charge financière colossale,
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un risque opérationnel permanent,
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et une source de frustration client majeure.
Une exigence : renforcer l’interopérabilité des systèmes
Historiquement, les systèmes de gestion des bagages reposent sur des échanges de messages ponctuels (notifications, statuts), souvent inefficaces à grande échelle.
Or, l’évolution du modèle impose désormais aux transporteurs de voyageurs une adaptation profonde de leurs systèmes d’information (SI), afin de collaborer plus étroitement avec les SI des opérateurs de terrain (handlers, aéroports).
La réponse passe par une interopérabilité structurée, fondée sur :
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l’exposition de services (API, microservices) standardisés,
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l’utilisation de modèles d’intégration ouverts,
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et la mise en place d’une gouvernance SI partagée, pour organiser progressivement la standardisation des interfaces.
Ce chantier d’urbanisation des échanges est un levier essentiel pour bâtir des écosystèmes numériques :
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plus résilients face aux aléas,
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plus agiles dans l’intégration de nouveaux services,
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plus orientés client, en assurant transparence et fiabilité du suivi bagages.
Vers un nouveau paradigme : le bagage autonome
Une transformation plus profonde est déjà en cours : le bagage devient progressivement un service autonome, dissocié du billet d’avion.
Les transporteurs (compagnies aériennes et ferroviaires) commencent à gérer le bagage comme un produit logistique à part entière,
pouvant être pris en charge, transporté, tracé et livré indépendamment du passager.
Les bénéfices attendus :
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Valorisation commerciale : services premium, livraison porte-à-porte, options d’assurance.
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Optimisation opérationnelle : réduction de la charge en soute, gestion différenciée des flux de bagages.
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Expérience client enrichie : plus de choix, plus de transparence et de personnalisation.
Ce modèle s’inscrit dans une tendance plus large de modularisation du voyage, où chaque composant (transport, bagage, service annexe) peut être individualisé, tarifé et enrichi de services numériques.
Conclusion : un enjeu stratégique et une opportunité
La qualité des systèmes d’information et la fluidité des échanges interopérables sont appelées à devenir les facteurs clés de réussite dans la gestion des bagages.
De nouveaux systèmes B2C émergent déjà pour répondre à ce besoin, et c’est leur capacité à :
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produire un résultat fiable,
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s’intégrer dans un écosystème ouvert,
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et communiquer efficacement avec les passagers,
qui déterminera leur adoption par le marché.
En résumé, passer du bagage subi au bagage maîtrisé, autonome et valorisé est une opportunité stratégique pour l’industrie du transport.
C’est à la fois un défi technique et organisationnel, et une formidable voie de création de valeur pour les transporteurs comme pour leurs clients.


