Le Off-Airport

Quand l’aéroport sort de l’aéroport : le défi du modèle Off-Airport
Un nouveau modèle de services voyageurs
Dans un contexte où les passagers attendent une expérience fluide et personnalisée, les transporteurs explorent de nouveaux modèles.
De plus en plus de services traditionnellement rendus à l’aéroport sont désormais proposés hors aéroport : en gare, à l’hôtel, dans des centres
commerciaux, sur des parkings privés, ou même directement au domicile du voyageur.
Ce modèle, appelé “Off-Airport”, répond à une double promesse :
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désengorger les infrastructures aéroportuaires,
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offrir plus de confort aux voyageurs grâce à des services distribués.
Mais cette promesse s’accompagne d’un défi majeur : comment intégrer dans le SI d’une compagnie des services fournis par des opérateurs tiers dont
elle ne maîtrise ni les processus ni les systèmes ?
Un paysage fragmenté et distribué
Le modèle Off-Airport repose sur un écosystème large et hétérogène : hôtels partenaires, parkings privés, compagnies de taxis ou VTC, gares ferroviaires,
bornes urbaines, etc.
Chacun de ces acteurs dispose de son propre système d’information, généralement cloisonné et rarement interopérable.
Pour la compagnie, cela implique de composer avec :
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des systèmes non maîtrisés,
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des responsabilités éclatées,
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et un niveau de dépendance inédit vis-à-vis d’opérateurs externes.
L’architecture SI ne peut donc plus reposer sur un modèle intégré et fermé : elle doit évoluer vers un modèle distribué et ouvert.
De la centralisation à la fédération
Dans cette nouvelle logique, l’objectif n’est plus de tout centraliser, mais de synchroniser et fédérer.
L’architecture doit garantir :
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l’échange fluide des données,
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la cohérence de l’information,
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la réactivité en temps réel,
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et la sécurité des interactions.
Cela suppose l’adoption de standards modernes d’intégration :
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APIs REST et microservices,
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architectures événementielles (event-driven),
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catalogues de services partagés,
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gestion unifiée des identités et des autorisations.
Le SI comme plateforme d’orchestration
Dans un modèle Off-Airport, le système d’information de la compagnie devient avant tout un orchestrateur :
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Il n’assure pas directement tous les services,
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mais il les expose, les qualifie et les connecte.
On passe ainsi d’une logique “monolithe” à une logique de plateforme de services, où la valeur n’est plus dans chaque application isolée, mais
dans la fluidité des flux et des interactions.
Techniquement, cela nécessite la mise en place de couches intermédiaires :
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API gateways,
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hubs événementiels,
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moteurs de règles,
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brokers de données.
Ces briques absorbent la variabilité des systèmes tiers tout en assurant au passager une expérience cohérente et sans rupture.
Les enjeux non techniques
Cette transformation n’est pas uniquement technologique. Elle doit s’appuyer sur :
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des accords de niveau de service (SLA) clairs entre opérateurs,
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des conventions de partage et de protection des données,
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une gouvernance SI commune définissant les responsabilités en cas de rupture.
L’enjeu est également culturel : passer d’une logique de silo à une logique d’écosystème, où les acteurs partagent données et responsabilités.
Bâtir une architecture étendue mais maîtrisée
Le modèle Off-Airport impose aux architectes SI de repenser leurs pratiques :
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concevoir des architectures interconnectées, évolutives et résilientes,
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gérer la variabilité des opérateurs tiers,
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tout en maintenant une gouvernance forte et une maîtrise des risques.
Il ne s’agit plus seulement de construire un système performant, mais de permettre à toute une chaîne de valeur (compagnies, aéroports, partenaires externes) de fonctionner de manière fluide, fiable et centrée sur le voyageur.



